vendredi 6 mars 2009

Antarctica 5 : Manchots show...


Lundi 23 février :

Position à 06h30: 64°47’S/62°43’W
Température: 3° C
Nuages bas, pas de vent.


Nous nous réveillons ce matin au milieu du canal Errerra avec le soleil qui perce au travers des nuages.






A 8h, nous faisons notre premier landing sur Danco Island, les lumières sont magnifiques...











Un snowy sheathbill (chionis blanc) :

C'est un oiseau chapardeur qui mange tout ce qu'il trouve (il ne tue pas, contairement aux skuas). On l'a vu déranger le nourrissage d'un poussin de manchot, afin de voler le "régurgitat" de poisson des parents. Bon appétit, bien sûr !!

Une colonie de gentoo niche sur les collines où la neige fond en premier au début de l'été. Avec le soleil, la vue sur le canal encombré d'icebergs est magnifique.





Nous montons jusqu'au sommet de la colline, en évitant de marcher sur "l'autoroute des manchots". En effet, créer des trous avec nos bottes dans la neige rend laborieuse la marche des manchots, qui ne sont pas les animaux les mieux adaptés au milieu terrestre....



Le manchot qui rêvait d'être un albatros :




Toujours notre manchot rêveur (il est tellement beau...) :







Quasiment au sommet de la colline, on trouve encore quelques manchots (ils ont de très bonnes cuisses, ceux-là !!). Niveau vue, ils ont choisi un bon spot (par contre, pour ce qui est du vent, ce n'est peut être pas le top !).















Du sommet, la vue est encore plus hallucinante : 360 degrés de glace et de glacier. Magnifique, c'est vraiment la haute montagne qui se jette dans la mer !







Une pensée pour nos deux martiniquais qui se marient le 06 mars... Tous nos voeux de bonheur...











Nous rencontrons quelques manchots qui couvent encore des oeufs....

Malheureusement, la saison est déjà trop avancée et les poussins qui vont naître risquent de mourrir. En effet, avant la mauvaise saison, les parents vont devoir muer ce qui les bloque plusieurs semaines à terre sans pouvoir se mouiller, ni donc pêcher pour nourrir leurs petits.











Après ces moments de contemplation, Jordi nous invite à redescendre rapidement, car un front de nuages sombres arrive... Un vent glacial se lève subitement. On nous avait prevenu qu'ici, la météo change très très vite et qu'il faut toujours avoir avec soi des vêtements chauds supplémentaires.

Arrivés en bas de la colline, nous faisons encore quelques photos touristiques en révisant un peu l'anat de la baleine. C'est L1, T2 ou T4 ?


Les nuages se rapprochent moins vite que prévu, nous pouvons profiter encore un peu du paysage...





Tiens, encore le manchot à col rouge qui essaie de passer inaperçu!!




Après le déjeuner, nous partons pour une "zodiac cruise" dans Paradise Bay. Près d'une colonie de cormorans nous apercevons des filons de malachite :
...puis nous longeons un glacier grandiose dans Skomtorp Cove.




Les zodiacs paraissent minuscules à côté de ce géant de la taille d'un immeuble...








Jordi, notre guide, en train de faire le brise-glace avec le zodiac :









Au passage de cette barre, nous espérons qu'aucun bloc de glace ne se détache, parce nous naviguons dans une zone d'eau libre....entre le glaciers et des growlers...ce qui limite les possibilités de fuite en cas de raz de marée.

Au retour, nous tombons sur un groupe de trois "petits rorquals" (des petits rorquaux, donc !!) qui font des sauts. Apparement, c'est très rare de pouvoir observer ça. Nos guides sont tout excités et mitraillent la scène... Pour nous, sans notre appareil reflex, impossible d'immortaliser la scène... Mais ça restera un beau souvenir... D'ailleurs, ces petits sauts nous permettent de remarquer qu'ici, les baleines n'ont pas le ventre blanc, mais jaune, à cause de la présence de diatomées....

Contrairement aux baleines à bosse, les "petits rorquals" (minke whales) aiment nager dans les eaux encombrées de glace et d'iceberg. Malheureusement, c'est cette baleine qui est chassée "pour raison scientifique" par les Japonais en Antarctique (600 a 1000 minke whales sont tuées chaque année). Elles sont donc plutôt peureuses.
Pourquoi ces baleines et pas d'autres ? En fait, elles ont un cycle de reproduction court (tous les ans contre 2 à 3 ans entre chaque baleineau pour les baleines a bosse) et elles sont donc encore environ 400 000 en Antarctique même après la grande époque de la chasse à la baleine dans l'hémisphère sud au 20ème siècle.

De retour au bateau, la neige se met à tomber fortement et nous passons le canal Neumayer sans voir grand chose... La vision de la neige qui tombe à gros flocons sur la mer est vraiment étonnante...


Après le repas, une mauvaise nouvelle nous attend : une tempête est annoncée pour les prochains jours dans le passage du Drake, et nous devons partir ce soir au lieu de demain midi pour être sûrs de rallier Ushuaia à temps.

Cet après-midi aura donc lieu notre dernier landing à Port Lockroy, une base britannique aujourd'hui plus ou moins transformée en "musée".

La base (point 2 sur la première carte) est située dans une baie très abritée découverte par Charcot en 1904 au cours de sa première expédition en Antarctique (Edouard Lockroy était un politicien français qui avait aidé Charcot dans ses démarches pour finaliser son expédition...). Par la suite, les baleiniers venaient dans cette baie pour se protéger des tempêtes de l'été, et jusqu'à 40 bateaux pouvaient y mouiller en même (mauvais) temps...

La station a été construite en 1944 avec des matériaux provenant des ruines de la station baleinnière de Deception Island. Les principales activités étaient l'observation météorologique et la recherche ionosphérique.

Aujourd'hui, la base est classée monument historique, et des volontaires viennent s'en occuper l'été et étudient, par des comptages de population, les impacts du tourisme sur la population de manchots gentoo vivant sur l'île. Depuis 1997, aucun effet néfaste n'a été observé... Ouf !! (12000 touristes ont quand même été comptés à Port Lockroy cette année!)...

Arrivés à terre, on trouve, certes, un petit musée historique, mais surtout le supermarché de l'Antarctique pour ramener des souvenirs ($$$$$$$$$$$!!!!!).



Ici, seuls les manchots défendent l'Union Jack :



Pour le retour, c'est "Poutine" (tous les touristes de notre bateau l'appellent comme ca !) qui nous ramène en zodiac au bateau. Il y a effectivemenet un petit air de ressemblance....Ça va, il n'y a pas eu de mort louche sur notre bateau pendant le voyage.


Ce soir au diner, les discussions sont moins animées que d'habitude, nous sommes tous tristes de devoir déjà repartir... Et la plupart d'entre nous apréhende aussi pas mal la tempête annoncée dans le Drake...

Ces 4 jours en Antarctique nous ont tous émerveillés mais sont passés beaucoup trop vite...

Nous ne nous résignons pas à regagner nos cabines, et allons profiter une dernière fois des paysages, depuis la cabine de pilotage, jusqu'à ce que la nuit soit trop noire...


Mardi 24 février :

Position à 08h00: 63°11’S/63°24’W
Température: 3° C
Nuages bas, un peu de pluie annoncée, forts vents du nord-est.


Après une nuit encore assez calme, nous nous réveillons dans une mer très formée... et on nous annonce que le pire est pour demain.
Les prévisions météo sont quand même meilleures qu'hier, nous devrions éviter la tempête de plein fouet, mais pas des vents forts et de la forte houle...

Dur dur de quitter le lit... Heureusement qu'on avait sécurisé les placards de nos cabines au gros "scotch de voile" hier!!!

En plus les médicaments pour le mal de mer distribués par le médecin du bord nous font bien dormir...

Etienne va de temps en temps dans la cabine de pilotage admirer le spectacle (les ponts sont pour l'instant interdits...).

Dans l'après midi, le vent et la houle forcissent encore, et le capitaine change son cap de 20 degrés pour limiter le roulis... Malheureusement, le vent augmente encore pour atteindre les 20m/s avec des pointes à 25m/s à 18h...
Ce soir, le bateau affronte une houle atteignant les 10 mètres...On comprend mieux les conditions de navigation que doivent subir les coureurs du Vendée Globe de temps en temps dans ces coins là !!

Mercredi 25 février :


Position à 08h00: 57°08’S/65°51’W
Température: 7° C
Quelques nuages, fort vent d'ouest.


At sea the albatross and little petrel fly as if the storm were their proper sphere, the water
rises and sinks as if fulfilling its usual task, the ship alone and its inhabitants seem the object of
wrath
.”
Charles Darwin, Voyage du "Beagle"


La nuit a été moins mouvementée que prévue. En fait, nous apprenons ce matin que le capitaine avait réduit la vitesse et encore changé le cap de 20 degrés pour que nous ne passions pas une nuit trop horrible... Quelle délicatesse...

Le vent a baissé un peu et les vagues n'atteignent plus qu'occasionnellement les 8m au lieu des 10m d´hier...
Dans la matinée, Jordi fait une conférence sur le danger de la pêche aux "longliners" pour les albatros (nous vous en avions déjà parlé en Nouvelle-Zélande). Apparement, plus de 100000 albatros et 200000 autres oiseaux marins meurent chaque année à cause de la pêche aux "longlines". Dix-neuf des vingt-deux espèces d'albatros sont actuellement en danger d'extinction...

Pour plus d'informations, vous pouvez consulter le site : http://www.savethealbatross.net/


Et pour ne pas rester sur cette triste constatation, un peu de poésie :


I am the albatross that waits for you at the end of the earth.

I am the forgotten soul of the dead sailors who crossed Cape Horn from all the seas of the world, but they did not die in the furious wawes.

Today they fly on my wings to eternity in the last through of the Antarctic winds.

Sara Vial (décembre 1992)



Bon, finalement, c'est beau, mais c'est triste aussi... Et on ne va pas vous remettre "L'Albatros" de Beaudelaire (cf message sur les catlins)...

Dans l'après-midi, le soleil apparaît. Nous commençons à mieux supporter le roulis et le tanguage, et arrivons même à lire (un polar américain, rien de mieux pour oublier la tempête!).

Jordi nous fait une deuxième conférence sur l'adaptation des animaux sauvages aux milieux polaires avec une comparaison arctique/antarctique. Très intéressant !!

Au fait, on ne vous a pas parlé de la conférence d'hier (celle sur les pinnipèdes) parce qu'on a fait les mauvais élèves.....on est resté dans nos banettes avec nos lecteurs mp3 sur les oreilles...






Ce soir, au diner, c'est assez marrant car le bateau roule vraiment beaucoup. Mais puisque la plupart d'entre nous est maintenant bien amarinée, quasiment tout le monde est descendu manger et discute tranquillement à table alors que le spectacle au travers des hublots est déconcertant : mer, mer, mer, mer, ciel, ciel, ciel, ciel, ciel, ciel, ciel, ciel, mer, mer, mer.... Pas mal de bruits de vaisselles, salières, couverts qui tombent, mais l'ensemble de la scène reste très classe, à la british... Seul le dessert (mousse de fruits à la crème) a été transformé en muffins, trop dur à préparer pour les cuisiniers, et à servir pour Olga et Francis...

Jeudi 26 février :


Position à 08h00: 57°08’S/65°51’W
Température: 7° C
Quelques nuages, vent d'ouest.


Au réveil, les conditions sont à peu près les mêmes qu'hier. Nous sommes à 80 miles du Cap Horn. Aujourd'hui il ne manque pas à sa réputation car le vent augmente dans la matinée et les vagues, bien que moins hautes que les jours précédents deviennent plus rapides, obligeant encore une fois le capitaine à dévier son cap...



Dans la matinée, Jordi nous fait une conférence sur l'environnement marin de la réserve de biosphère du Cap Horn.


Vers 17h : terre en vue....la mer commence a se calmer et le vent baisse. Ça sent l'étable !!

Arrivés à l'entrée du canal de Beagle, nous devons attendre le pilote avec lequel nous avons RDV à 2h du matin. Troels nous propose de visiter le "gros mazout" du bateau. Senteur....gazoil, ça devait être sympa de vérifier les niveaux pendant la tempête !

Dans la cale, on croise Olga, la serveuse russe et un mécano. On est quasiment sûr que c'est lui qui gère le stock de vodka !!!!

Ce soir, après le diner, nous posons quelques questions à Jordi concernant sa thèse sur les kelps géants, et nous avons droit à une conférence privée super intéressante sur son travail (intégrant, entre autre de la biologie végétale, de la génétique, de la paléoglaciologie...)


C'est notre dernière nuit sur le Maryshev...

Vendredi 27 février : Ushuaia, nous revoilà...


Position: 54°49’S/68°17’W
Température: 9° C
Ensoleillé avec quelques nuages.


Nous nous réveillons à quai....le pilote a bien bossé cette nuit...

Un dernier petit déjeuner à bord et nous débarquons...

Nous quittons à regret l'équipe super sympa d'Oceanwide Expedition, et notre équipage russe... Le voyage a été super bien géré et l'équipage était toujours à notre disposition pour que tous les landing se passent au mieux... Et nous nous étions bien habitués à la vie en communauté sur le bateau...

Mais, le voyage continue...

Première surprise au retour sur terre : dès que sommes dans un espace clos nous tanguons... serait-ce........le mal de terre...

PS : un grand merci à Troel pour son PDF avec le compte-rendu du voyage que nous avons beaucoup utilisé dans ce blog... En espérant vous avoir donné le maximum d'informations exactes...

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