samedi 28 février 2009

Antarctica 1 : Canal de Beagle et passage du Drake...



Mardi 17 février : 54°49’S/68°17’W

Ca y est, nous embarquons pour l'Antarctique!!!
A 16h30, sous un beau soleil, après de légères formalités douanières, nous sommes autorisés à entrer dans la zone portuaire.


Avec nos backpacks, nous n'avons pas le profil type des passagers pour l'Antarctique....







Notre bateau : le "АЛЕКСЕЙ МАРЫШЕВ" (Aleksey Maryshev) est un ancien bateau de recherche scientifique russe. Il est actuellement affrété par une boîte de croisière européenne (Oceanwide expedition). C'est un bateau à coque renforçée de 66 mètres de long, construit en Finlande en 1990. Ca va, il a un assez bon CV !!!
Malgré le prix du voyage, le bateau n'a rien de luxueux et on a plus l'impression de partir en expédition qu'en croisière, tant mieux...

A 18h, nous quittons le quai d'Ushuaia et naviguons dans les eaux protégées du canal de Beagle...


Troels, notre chef d'expédition, nous présente toute l'équipe :

Captain Yury Gorodnik and his Russian Crew of 18 including:

1st Mate: Sergey Glazunov
2nd Mate – Artur Yakovlev
3rd Mate – Yury Gladkov
Radio Officer - Zodiac Driver: Sergey (Marconi) Polyak
Able seaman - Zodiac driver: Sergey Ushakov
Able seaman – Zodiac driver: Alexey Orlov
Dining room stewardess: Olga Sofronova
Dining room stewardess: Elena Usatenko
Cabin Stewardess: Yulia Artyushina
Cabin Stewardess: Irina Platonova

Vous l'aurez compris, il doit y avoir pas mal de vodka dans les soutes.....

Oceanwide Expedition Staff:

Expedition Leader – Troels Jacobsen (Denmark)
Hotel Manager – Francis De Buck (Belgium)
Head Chef – Tobias Fritz (Austria)
Sous Chef – Joe Donny Labansin (Malaysia)
Guide/Lecturer – Elke Morgner (Germany)
Guide/Lecturer – Jordi Plana Morales (Spain)
Ship’s Physician – Dr. Jürgen Thomas (Germany)


Tout l'équipage est russe mais l'équipe scientifique d'oceanwide est assez cosmopolite : Allemagne, Espagne, Autriche, Belgique, Danemark... Nos trois guides principaux seront Troels, Jordi et Elke, tous les trois chercheurs (spécialistes des kelps géants, des algues et microorganismes polaires, des mammifères marins, des oiseaux...)

Nous sommes seulement une quarantaine de passagers à bord, surtout des européens (beaucoup d'hollandais, autrichiens, belges, allemands), un américain, deux néo-zélandais et deux australiens (nous serons les deux seuls français)......
La langue à bord sera l'anglais, et il faut nous réhabituer à dire "hello" au lieu de "ola"..... et à table, ce sera "spaziba" au lieu de "gracias".

Après les présentations, exercice obligatoire : une simulation d'abandon de navire....Lors du speach de sécurite du second, en anglais et avec un magnifique accent russe, on a l'impression d'être dans un "James Bond".

Serrés comme des sardines (con aceite!!) en boîtes, on préfère ne pas imaginer ce que ça donnerait en pleine mer déchainée... Un peu flippant surtout quand on nous explique qu'en cas de chute dans ces eaux polaires, on ne peut bouger (être actif) que pendant une ou deux minutes...

Après notre premier diner à bord, durant lequel l'ambiance est déjà très conviviale, nous montons sur le pont supérieur pour profiter de la fin du jour sur le canal de Beagle.

Channel about 1½ miles wide, hills on both sides above 2000’ high…scenery very retired –
many glaciers, uninhabited, beryl blue, most beautiful, contrasted with snow.
Charles Darwin (description du Canal de Beagle)


Nous faisons connaissance avec quelques passagers : Karl, un tchèque qui depuis un accident de ski a décidé de profiter de la vie (il est tombé amoureux de l'île de Rurutu en Polynésie française), Marie-France qui vient des Seychelles, et son ami Willy, belge...



Mercredi 18 février :

Position à 08h : 56°14’S/65°19’W
Température : 10 degrés / eau : 4 degrés
Quelques nuages, vent d'ouest qui forçit...

A minuit, nous avons quitté les eaux du Canal de Beagle pour entrer en pleine mer dans le passage du Drake...

Un peu de géographie pour ceux qui sont paumés :





Ce matin, nous nous réveillons dans le Drake et ça se sent : ça bouge beaucoup... La nuit a été difficile pour tout le monde...

Au réveil, on observe nos premiers oiseaux du large : des"wandering albatros", des "black-brown albatros", des "fulmars geants", des "prions", etc.... qui font du soaring en prenant appui sur le bateau ou la grosse houle....


A 10h, Jordi nous donne notre première conférence sur les oiseaux marins.

Dans la journée, le vent forçit encore, et la mer se creuse...

Two or three of these winds would come together & meet ... in one body whose forces ... did so violently fall into the sea whirling, or as the Spanyard sayth with a Tornado, that they would peirse into the very bowells of the sea & make it swell upwards on every syde.”
Sir Francis Drake (décrivant les vents au sud du continent sud-américain).

Impossible de lire ou d'écrire, suivre les conférences est déjà assez chaud...
Dans l'après midi, nous ressortons sur le pont juste à temps pour apercevoir des dauphins de Hourglass sauter autour du bateau. Ce sont des dauphins de pleine mer assez peu joueurs normalement....et donc assez furtifs.
Nous suivons notre deuxième conférence à 15h sur les manchots puis regardons un reportage sur l'odyssée de l'Endurance et Sir Ernest Shakleton à 17h...

Ce soir, les vagues sont impressionnantes... la nuit va être mouvementée...


Jeudi 19 février :

Position à 08h : 59°46’S/62°09’W
Température : 4° C
Beau temps, léger vent de sud-ouest.

La nuit a été dure : on a été brinqueballé dans tous les sens, les armoires qui s'ouvrent, les portes qui claquent, la chaise qui tombe, le bateau qui grince... Le Maryshev a affronté cette nuit des vagues de 5 à 8m... Par contre, ce matin, le vent a bien baissé.

Après le petit-déjeuner, Jordi nous fait une conférence sur les baleines.
Depuis notre cabine, juste avant le déjeuner, en regardant à travers le hublot, nous voyons un petit groupe de manchots nager en sautant hors de l'eau (à plus de 300 km des côtes!!!).

Au réveil, la température de l'eau était de 4°C, mais juste après le déjeuner, elle a baissé à
3°C. Nous sommes en train de traverser la zone de convergence antarctique. C'est la zone où les eaux chaudes du nord rencontrent les eaux froides du sud (c'est donc la limite supérieure de l'Océan Austral qui le sépare des océans Atlantique, Indien et Pacifique). Il y a, à ce niveau, une zone d'upwelling qui se traduit par une remontée des nutriments en surface et une baisse très rapide de la température de l'eau.
Cette convergence antarctique qui représente une importante frontière climatique entre les masses d’air et d’eau est aussi la limite biologique de l'écosystème antarctique. L'énorme quantité de krill présent en surface au sud de la zone de convergence provoque une concentration du nombre d'oiseaux et de mammifères marins. C'est le Mc drive 24h/24 !! (en été!!!)

Les icebergs arrachés aux platesformes côtières (ice-shelves) dérivent rarement au-delà de la convergence Antarctique. Cette limite correspond également à l’extension maximale de la banquise en hiver.


La ligne est en réalité une zone d'environ 32 à 48 km de large dont la latitude varie selon la saison. Malgre ces variations saisonnières, cette zone ne varie presque jamais de plus d'un degré de latitude de sa position moyenne.

Il n'y a pas d'équivalent en arctique en raison des terres situées autour de la région polaire boréale.



Dans l'après-midi, nous regardons un autre film. Celui-ci concerne la quête perdue du Pôle sud par le Capitaine Scott et son équipe....qui s'est finie tragiquement. En fin d'après-midi, Troels nous explique les règles à suivre en Antarctique selon le code de l'organisation IATTO (International Association of Antarctica Tour Operators), pour un tourisme écologique et respectueux...


Ce soir, au diner, nous sommes un peu plus nombreux, la mer se calme peu à peu.
Nous devons arriver dans la nuit à Livingstone Island, nous sommes tout excités...

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